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Vingt-neuf migrants qui tentaient de gagner l'Europe sont morts d'hypothermie après avoir été secourus par deux navires de la garde-côtes italienne au large de la Libye. AFP/

 

Pendant que vingt-neuf migrants mouraient de froid en pleine tempête dimanche au large de la Libye, quelque trois cents autres, partis en même temps, ont disparu en mer, selon le récit de neuf survivants arrivés mercredi 11 février matin sur l'île italienne de Lampedusa.Selon les éléments recueillis par le haut-commissariat de l'Organisation des Nations unies aux réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), quatre bateaux pneumatiques sont partis samedi d'une plage à 15 km de Tripoli en Libye, chargés chacun de plus d'une centaine de migrants venus d'Afrique subsaharienne, essentiellement des hommes mais aussi des adolescents.


Les passagers du premier bateau, secourus dimanche par les gardes-côtes italiens, sont arrivés lundi à Lampedusa, mais vingt-neuf d'entre eux étaient morts de froid. Mercredi matin, les gardes-côtes ont déposé à Lampedusa neuf nouveaux survivants recueillis, probablement lundi, par un navire commercial. Deux d'entre eux se trouvaient sur le deuxième bateau et sept sur le troisième. Selon leur récit, l'un a chaviré et l'autre s'est dégonflé et a coulé, et leurs deux cent trois compagnons de voyage se sont noyés.


420 PERSONNES AU DÉPART
En l'absence de la moindre nouvelle du quatrième bateau, l'OIM et le HCR considèrent que ses passagers aussi sont portés disparus, compte tenu de la tempête qu'ils ont essuyée. « Ils étaient environ quatre cent vingt au départ, on peut donc estimer le total des victimes à quelque trois cent trente », a déclaré Flavio di Giacomo, porte-parole de l'OIM en Italie.
« C'est une tragédie d'une ampleur énorme, qui nous rappelle de manière cruelle que d'autres vies sont en danger si on laisse ceux qui cherchent la sécurité à la merci de la mer. Sauver ces vies devrait être notre première priorité. L'Europe ne peut pas se permettre d'agir trop peu, trop tard », a lancé Vincent Cochetel, directeur du HCR pour l'Europe.


Les deux organisations ont vivement dénoncé l'absence de scrupules de trafiquants ayant obligé les migrants à partir en dépit du mauvais temps qui sévissait déjà samedi et qui a tourné dimanche à la tempête, avec des vagues de huit mètres et des vents de 120 km/h. « Ils les ont contraints à embarquer, sous la menace de pistolets et de bâtons, après les avoir dépouillés de tous leurs papiers et de leur argent », a expliqué M. Di Giacomo, s'emportant contre ces trafiquants qui traitent les migrants « comme des marchandises, surtout ceux d'Afrique noire ».


3 000 MIGRANTS SAUVÉS EN TROIS SEMAINES
Mardi, le HCR a demandé un renforcement des capacités de secours dans la Méditerranée. En trois semaines entre la fin de 2014 et le début de 2015, les gardes-côtes ont sauvé près de trois mille migrants, dont plus de deux mille dans des conditions dramatiques, alors qu'ils se trouvaient sur des cargos abandonnés par leur équipage près des côtes italiennes.

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Le Monde, le 11.02.2015