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Une trentaine de cadavres ont été trouvés sur un bateau de migrants secouru en pleine nuit dans le Canal de Sicile qui sépare l’Italie des côtes nord-africaines, ont annoncé lundi les agences italiennes citant la marine et les garde-côtes.

 

Illustration liberation 30062014Photo d'archives de la Marine italienne d'un bateau de migrants arrivé sur les côtes italiennes le 14 juin 2014 (Photo AFP)

 

Les sauveteurs ont fait leur macabre découverte quand ils sont montés à bord d’un bateau de pêche transportant environ 590 réfugiés et migrants, afin d’évacuer immédiatement vers la terre ferme les personnes les plus en détresse, dont deux femmes enceintes.

L’embarcation était en cours de remorquage dans la nuit par le navire Grecale de la marine et devait arriver lundi à Pozzallo dans la zone de Raguse (sud-est de la Sicile).

Les immigrés décédés sont apparemment morts par asphyxie. Les corps ont été retrouvés dans une partie difficile d’accès du bateau de pêche. Seuls quelques-uns ont été pris en charge par le navire Grecale.

Ce n’est pas la première fois que des sauveteurs retrouvent des corps de migrants à bord de navires secourus en pleine mer dans le Canal de Sicile mais jamais jusqu’à présent en si grand nombre.

Le 14 juin, 10 migrants s’étaient noyés dans le naufrage de leur embarcation à seulement 40 miles (70 km) des côtes libyennes où la marine italienne était venue leur porter secours. 39 autres migrants qui se trouvaient sur le même canot pneumatique avaient alors pu être sauvés par un bâtiment de la marine.

Au cours du weekend passé, la marine a annoncé être venue au secours de 1.654 migrants et réfugiés répartis sur 7 embarcations, bateaux de pêche et canots de fortune.

Ces sauvetages s’inscrivent tous dans le cadre de l’opération «Mare Nostrum» (nom que les Romains donnaient à la Méditerranée), lancée par l’Italie à l’automne 2013 après deux terribles naufrages, l’un près de Lampedusa, l’autre près de Malte ayant fait au moins 400 morts.

Les experts soulignent que l’opération a aussi des effets pervers car les navires militaires italiens vont de plus en plus loin au large se rapprochant des côtes libyennes, ce qui tend à alimenter le flux des départs.

En raison d’une météo favorable et de l’insécurité croissante dans leur pays d’origine mais également en Libye, leur point de départ, des milliers d’immigrés et réfugiés - Syriens, Erythréens, habitants pauvres d’Afrique sub-saharienne - prennent la mer chaque semaine vers les côtes italienes.

Depuis le début de l’année, selon les autorités, plus de 60.000 migrants et réfugiés fuyant les guerres et à la recherche d’une vie meilleure ont débarqué dans le sud de l’Italie. Le record de 2011, où le nombre de migrants avait atteint les 63.000 personnes en raison des printemps arabes, devrait être dépassé.

Certains experts pensent même que l’on pourrait arriver cette année à 100.000 personnes secourues dans le Canal de Sicile.

L’Italie a obtenu un renforcement de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, et des aides supplémentaires pour gérer l’afflux de migrants. Mais elle voudrait de l’Union européenne, et en particulier des pays du nord de l’Europe, une plus grande solidarité dans l’effort d’accueil des immigrés.

Cette semaine, le ministre italien de l’Intérieur Angelino Alfano a aussi demandé en marge d’un sommet G6 à Barcelone que Mare Nostrum «devienne une opération européenne» dont Bruxelles prendrait la direction.

 

 

 

 

Libération, le 30 Juin 2014

 

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