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La haut-commissaire de l'ONU, Navy Pillay, a salué jeudi les "grands progrès" du Maroc en matière de droits de l'homme. Elle a cependant estimé que "beaucoup de travail" restait à faire.

Illustration Jeune afrique 30052014La Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navy Pillay. © AFP



Bien, mais peut mieux faire. C'est en substance l'avis qu'a émis la Haut-commissaire de l'ONU, Navy Pillay, jeudi 29 mai, au sujet du Maroc en matière de droits de l'Homme. Pour elle, le royaume a réalisé de "grands progrès" mais "beaucoup de travail" reste à faire et des "vieilles habitudes" persistent.

Navy Pillay termine une visite de quatre jours à Rabat, la première d'un Haut-commissaire aux droits de l'Homme en 13 ans. Elle s'est notamment entretenue avec le roi Mohammed VI ainsi qu'avec des représentants de la société civile.

"Le Maroc a fait de grands progrès vers une meilleure protection des droits de l'Homme", a dit à la presse la responsable onusienne, citant la création en 2004 de l'Instance équité et réconciliation (IER), chargée d'enquêter sur les violations passées.

"Le Roi m'a dit qu'il ne pouvait tolérer"

En 2011, dans le contexte du Printemps arabe, le royaume a par ailleurs adopté une nouvelle Constitution, qui "donne la primauté aux conventions internationales", s'est-elle félicitée. Mais, selon Navy Pillay, "de nombreuses protections promises" par le texte "doivent encore se concrétiser".

Plus généralement, "beaucoup de travail reste à faire pour approfondir la culture du respect des droits de l'Homme dans toutes les institutions de l'Etat, au Maroc et au Sahara occidental", a fait valoir la Haut-commissaire. Appelant à combattre les "vieilles habitudes", elle a notamment évoqué la lutte contre la torture, en notant que des délégations onusiennes avaient récemment fait part de leur "préoccupation".

"Le roi m'a dit qu'il ne pouvait tolérer la torture sans pouvoir exclure l'existence de cas isolés", a-t-elle relevé, appelant à des enquêtes systématiques en cas d'accusations. "L'impunité est le combustible le plus puissant pour la violation des droits de l'Homme", a argué Navy Pillay.

"Offre d'"assistance technique" au Sahara

Mme Pillay a en outre mentionné comme "source d'inquiétude" la répression de certaines manifestations, citant le cas d'un rassemblement en août dernier contre la grâce royale accordée un temps par erreur à un pédophile espagnol. Même si la liberté d'expression est "généralement respectée", il est "regrettable d'entendre que des journalistes et blogueurs sont visés, se voient imposer des amendes, le retrait de leur accréditation et même des emprisonnements sur la base d'accusations créées de toutes pièces", a-t-elle encore jugé.
Elle a cité le cas d'Ali Anouzla, poursuivi pour "incitation au terrorisme" en raison de la publication sur la version arabophone du site Lakome  d'un lien vers une vidéo d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) appelant au jihad, dans le cadre d'un article consacré à ce document inédit. Les principales ONG internationales ont réclamé à plusieurs reprises l'abandon de ces poursuites.

Sur le dossier du Sahara occidental, la responsable onusienne a jugé "encourageant" le rôle joué par les sections locales du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH, officiel) et proposé de leur apporter une "assistance technique". "Mon bureau est chargé de surveiller bon nombre de situations de droits de l'Homme à travers le monde et de les évaluer, (...) et nous pouvons assurer un système de surveillance et de suivi des droits de l'Homme indépendant et impartial", a-t-elle dit. Ces dernières années, le Maroc s'est catégoriquement opposé à tout élargissement du mandat de la mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) à la question des droits de l'Homme.

(Avec AFP)

 

Jeune Afrique, le 29 Mai 2014